Princesse Feussouo
The Gay : Le Festival d'Avignon et Les Feluettes

Eh oui, Je suis en France, comme à chaque été pour visiter ma famille. Comment ne pas passer par Avignon ? Comment ne pas se perdre dans la folie du Festival de théâtre international d'Avignon. Plus jeune, Je parcourait les rues remplies d'affiches. Hypnotisé.e, je tombais dans le tourbillon sans fins des tractages. Aujourd'hui, j'ai moins le vertige en visitant la ville. Je me suis demandé, par curiosité, comment-est-il possible de garder des milliers de tracts géants sur les murs du centre-ville sans penser à l'impact environnemental ? Je n'avais qu'un week-end, et je devais suivre mon intuition. Pour celle et ceux qui le savent, la programmation du Festival Off est lourd, dans les deux sens.
Dimanche, j'ai eu l'occasion d'assister à Les Feluettes, une pièce de théâtre écrite par Michel-Marc Bouchard et mise en scène par Olivier Sanquer. Cet écrivain emblématique de la scène queer québécoise, est notamment connu pour son livre Tom à la ferme, adapté au cinema par le réalisateur Xavier Dolan. L'ignorance en tant que spectateur.trice provoque le sentiment de surprise. Quand on ne sait pas à quoi va ressembler la pièce, aucunes recherches, ou que l'on ignore totalement le nom du metteur en scène, on s'affranchit. Nous le savons tous.tes, les trois quarts des pièces de théâtre sont constitués de professeurs, de professionnels de la culture et d'étudiants hipsters. Ces dernières années, l'intellectualisme artistique devient néfaste, mais là n'est pas le sujet. Revenons à la pièce ! Dans une timidité frêle de spectateur.trice.s perdues, nous avons pris un couloir sombre sous les regards vides de plusieurs hommes, qui debout en débardeurs blancs et déjà dans la peau des personnages, nous donne en bouche l'ambiance de la pièce. Ce choix de mise en scène soulignait sans doute notre présence. Nous nous sommes assis sur des bancs en bois rappelant un décor d'église.
Monseigneur Bilodeau se retrouve nez à nez avec Simon, un de ses anciens camarades d'école dans le but de mettre en lumière des événements du passé dont un incident grave. Fraîchement sorti de prison, ce dernier a concocté, un mise en scène sur son histoire d'amour avec le comte Vallier de Tilly, afin de clamer son innocence. Dès les premières minutes, on pouvait avoir du mal à suivre les actions. Malheureusement, les différentes interventions de l'homme d'église, désapprouvant chaque péripétie créait des confusions. Mais au fur et à mesure, nous avons été transporté en 1912, tout en étant en 1952. Il y'a dans la mise en abyme, une proximité exaltante avec les spectateur.trice.s. C'est une occasion, peut-être minime de changer la perception du public, ce qui à mes yeux reste drôlement agréable. Nous sommes aussi sous deux et souvent même, trois temps. En effet, la ''deuxième pièce'' ouvre sur les jeunes Simon et Vallier. Encore là, nous tombons dans le piège puisque qu'un prêtre de l'époque met fin à la répétition, laissant les jeunes Simon et Vallier s'amouracher quand celui-ci quitte la pièce.
Les lumières tamisées et chaudes gardaient le mystère et une atmosphère de torture, l'évêque était forcé d'assister à la mise en scène. Le jeu des acteurs était d'une finesse incroyable. Une pièce d'Avignon que j'ai particulièrement adoré, quelques minutes avant de quitter la ville et son fameux pont.
Princesse F.