Princesse Feussouo
THE GROUND, NOUVEAUX ENVIRONNEMENTS : APPROCHER L’INTOUCHABLE
11 avril 2023

Nous sommes officiellement en avril 2023, et les problématiques environnementales ne sont plus quelques notes perdues sur la table des dirigeants du G7 ou un plan futuriste invraisemblable. Comment imaginer un nouveau monde dans lequel on travaille avec les restes de la surconsommation ?
Sans tomber dans une éco-anxiété ambiante, les artistes de l'exposition Nouveaux environnements soulèvent la question de la nature et du numérique.
Je partais, un peu naïve au Livart, en me demandant, Est-ce que cette exposition a pour but de nous donner des réponses et des solutions sur la technologie ? Allons-nous manger des aliments virtuels prochainement ?
A suivre...

Nouveaux environnements est un projet de Molior, un organisme canadien, à l'origine de plusieurs projets et expositions numériques sur la scène
internationals. En entrant dans les couloirs du Livart, on découvre les mots de la commissaire Nathalie Bachand, qui déclare « Si la nature constitue un aspect de notre réalité qui souvent nous échappe – et par le fait même nous fascine et nous obsède –, son interprétation à travers le travail du numérique vient opérer un renversement quasi ontologique : sa matérialité même y est mise en cause ; elle devient malléable et immatérielle tout à la fois. ». Sur le coup, on constate une volonté d'aborder la nature comme un être indépendant et non comme un objet qui aurait une fin en soi. Après avoir laissé mon manteau, on est accueilli par un.e médiateur.trice.s culturelle. Il.elle nous explique que l'exposition est composée de deux parties. La première partie nous plonge dans casque de réalité virtuelle et la deuxième, dans des installations et vidéos.
Quelques personnes étaient installées. Ainsi, je décide de me perdre dans les
méandres de la réalité virtuel. Le simple fait de voir les personnes touchant quelques objets
invisibles, me revoie à cet aspect dystopique. Garder un espace ouvert permet au spectateur de voir l'univers dans lequel il se jette. On peut dire que les deux mondes communiquent, celui de la réalité et du virtuel. L'aspect confortable du Livart me laisse toujours un goût agréable, de par ses escaliers en bois et ses portes d'appartements. L'espace est parfait pour traiter ce sujet, ça laisse la possibilité de s'immerger dans un monde où la nature numérique semble si proche et réelle.
Ascension de Baron Lanteigne est une œuvre qui mêle plusieurs mains humaines et gouttes d'eau gluantes. Dans nos mouvements on voit un liquide
coulant de plusieurs téléphones portables. Sous un ciel clair et une lumière apaisante, on se perd dans cette texture intrigante. L'approche de Lanteigne repose sur l'utilisation de la technologie. C'était un effet étrange que de
considérer la surconsommation de nos relations interpersonnelles à travers les réseaux sociaux. La fluidité de l'œuvre poussait à revoir ces gouttes d'eau se confondre avec la vitre du téléphone, nous renvoyant à un miroir, peut-être à la perception que nous avons de notre image ? souvent fluide et changeante selon les tendances actuelles.
Virtual Islands est une pépite de chocolat que j'ai dévoré, et revu plusieurs fois. L'univers sombre et apocalyptique de son œuvre ma mise au centre d'une scène aquatique cathartique. Mêlant performance et arts visuels, la chorégraphie me ramenait à la nostalgie de mes séjours à la mer, et particulièrement ses moments un peu apeurant à la vue d'une eau bleue, profonde et sans fin.
Autofading_ se disparaitre par Caroline Gagne revient sur l'impact de l'être humain sur son environnement. En entrant dans son monde, tout semble flou, on se retrouve autour de particules blanches. A chaque geste, le spectateur provoque une tempête. Le seul moyen d'entrevoir une image est de rester immobile. Au fur et à mesure des arbres apparaissent et on aperçoit une forêt.
Cette œuvre a décrit avec justesse l'état des faits actuels. En effet, tous nos faits et gestes provoquent une destruction imminente.
Erosions 2 de François Quevillon reste l'œuvre que j'ai le plus apprécié. Dans une atmosphère plus sombre que les deux artistes précédant, on ressent les effets psychologiques et physiologiques que l'artiste adresse dans la description.
C'est dans le corps que j'ai compris les détails de son travail. La précision avec laquelle les particules retraçait la transformation du paysage m'a percuté. Il est rare que des frissons parcourent mon corps en quelques minutes, et cela a été le cas dès les premiers instants. Les fleurs et plantes numériques
The conservatory : Other Horizon, Cette collaboration de Laurent Levesque et Olivier Henley regroupe les différentes plantes de jeux vidéo de 1998 à 2017, en tant que spectateur et spectatrice, on déambule autour de plantes et de fleurs numériques. Le monde semblait familier et inconnu en même temps. Je pouvais me balader dans ce jardin qui apparaissait et disparaissait, selon mes envies.
Une magnifique opportunité de voir l'évolution du monde numérique.
Face à cela Floralia de Sabrina Ratté, son approche des plantes et fleurs s'éloignaient de la simplicité qu'on pouvait voir chez la collaboration de Lévesque et Henley. Ratté prend en main cet univers et le sublime, exagérant les aspects graphiques. Elle joue avec les couleurs et les effets plastiques, une démarche qui montre son envie assumé de relier la nature à la technologie.
Cett exposition ne représente qu'une vision du monde. Le manque de diversité dans les artistes m'a quelque peu interpellé. Sinon, je garde cette nouvelle approche technologique de l'environnement en moi.
Princesse F.