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  • Writer's picturePrincesse Feussouo

Underground: Festival Fringe de Montreal 2023 : D'arrache pied jusqu'au bout des doigts.

Dans le cadre du Festival Fringe de Montréal, je me suis rendu au Conservatoire de musique de Montréal pour voir la pièce chorégraphique D'arrache-pied jusqu'au bout des doigts de Johanne Gour.

En tant que collaboratrice, j'ai fais la chronique dans Sous les radars vendredi dernier. Je vous recommande l'émission si vous ne voulez pas manquer leurs dernières nouvelles sur les Arts et la Culture à Montréal.


Afin de comprendre la trame, il faut se remettre dans le travail de la Chorégraphe. La description qu’elle nous offre reste très poétique et abstraite. Sans nous révéler quoique ce soit, j'ai pu lire dans le programme : “C'est l’intrigue de ces jambes plurielles qui veulent avancer.” Honnêtement, je ne savais pas à quoi m'attendre quand je suis entré dans le studio Valcourt. Avec des petites recherches, on comprend que la démarche artistique de Johanne Gour repose sur la nécessité de s’éloigner de l’aspect théorique des chorégraphies; laissant une liberté complète dans les mouvements. C'est une artiste multidisciplinaire, et surtout une musicienne violoncelliste. Au fil des années, elle s'est plongée dans le théâtre et la Danse.


Quand on revient à la pièce, nous nous sommes rendu dans une petite salle sombre et en un claquement de doigts, la lumière tamisée nous a dévoilé un décor assez simple. Côté Jardin, on pouvait apercevoir un amas de couverture noir, laissant place à l'incertitude. Les deux interprètes entrèrent sur le plateau. D'un mouvement de pied, un.e des interprètes poussait la danseuse jusqu'au centre. Un moment symbolique qui nous met directement dans le bain. En effet, tout au long on ressentira une lourdeur, plus precisement, une douleur accompagnée de long silence et de musiques classiques.


Partie I


La première partie laisse un goût très joyeux, les deux danseur.euses semblent performer avec leurs corps sous une approche très clownesque. Je ressentais comme des moments fraternels lorsqu’on est enfants. Mais ce qui m'intéresse, c'est le moment où les danseur.ses trainent cette couverture pour la mettre au fond de la scène. Elles ouvrent cet amas de draps mystérieux et on découvre un corps, celui de Johanne Gour, la chorégraphe. Le corps inanimé a emmené une atmosphère assez sombre. Les yeux fermés, et le corps terne créent un contraste avec les danseuses qui se lançaient, au même moment, dans des danses déstructurées et clownesques. Au fur et à mesure, on tombe dans une sorte de funérailles ironiques. J'ai particulièrement apprécié cet instant. Est-ce la métaphore de la vie, lorsqu'on meurt, que l'on se perd dans l’immobilisme éternel et le reste d’entre nous continue à bouger incessamment, comme moyen distraction contre la mort toujours aussi présente ?


Partie II


Dans la deuxième partie, les deux danseur.ses changent leurs costumes, une décision qui m'a beaucoup intrigué, je ne trouvais pas forcément que ce choix soit nécessaire, à part si le but était de nous plonger dans différentes étapes de la vie, et même dans ce cas, cela ne me semblait pas tant pertinent. Elles ont rajouté des chemises sur de longues manches noires et transparentes qu’elles avaient depuis le début. Lorsqu’un.e des danseuses sur la chaise saute et l'autre s'écroule, le manque de coordination a créé des faux temps, ce qui m’a malheureusement retirée de l’intensité de la pièce.


Partie III


Puis la troisième partie, le corps inanimé prend vie et Johanne se met sur la chaise grâce aux danseur.euses. Cette scène symbolique se concrétise lorsque la chorégraphe enfile des chaussures de ballets. Les danseuses changent de costumes apparaissent sur la scène avec des masques vénitiens et des tenues noires bouffantes. On tombe dans les années 20 ? C'est un moment très émouvant que de voir la lumière blanche se poser sur les deux danseur.euses et le regard émerveillé et nostalgique de Johanne Gour, qui a l’écart, se remémore probablement ses jeunes années. Elle porte les chaussures mais ne dansent pas, restant quelque peu immobile sur la chaise.


Partie IV


La quatrième et dernière partie est un peu déroutante. Sur la voix de la Magnifique Maria Callas, les danseur.euses se transforment encore, tout en restant dans une tenue très simple, l'imaginaire les transforment en infirmières nous montrent un peu d’émotions sur leurs visages, j'ai adoré la performance d'Esther Gaudet, son expression du visage était très significative. Malheureusement Alexandra Maclean ne renvoyait pas cette profondeur et semblait plutôt gêné, je me suis demandé si c'était un choix. Les pas de danses très symétriques avec la chaise roulante qui entre soudainement en scène est très profonde. Je suis restée avec la possibilité que la chorégraphe nous offre un aspect de la vieillesse et de l'accessibilité sous un œil satirique. On termine avec une scène chargée, Johanne Gour en chaise roulante qui semble être mise de côté. Elle lance un dernier regard aux spectateurs et se dirigent côté cour. Les danseur.euses s'écroulent, un.e après l'autre nous laissant encore plus en questionnements.


En clôturant cette analyse, J'ai trouvé que la pièce chorégraphique était assez troublante. Malheureusement, c'était impossible de suivre la trame. Les chorégraphies déstructurées, les costumes dépareillés et les nombreuses sorties des danseuses créé une atmosphère déroutante. Le début était percutant ! Lorsque les danseur.euses s'entrelacent sous la lumière blanche sur un fond de musique classique. C’est dommage, on entre dans un monde étrange et on ressent que la pièce est un peu longue. Si la pièce était uniquement 30 minutes, j’aurais pu profiter de l'intrigue, en acceptant l'aspect poétique. Ce moment où le corps immobile reste au fond de la scène comme une dépouille est cathartique. Une scène gravée dans ma mémoire. Je m’attendais à un choix de musique ou une exploration un peu plus profonde, en sachant que c’est d’abord une violoncelliste. J'ai adoré la performance d'Esther Gaudet, plongée dans la voix de Maria Callas, son visage illuminant toute la chorégraphie.


Princesse F.

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